CES INCONNUS DU TEMPS QUI PASSE… SUIVI PAR « ADDIO, ADDIO »

Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace, de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. – Sylvain Tesson…

CES INCONNUS DU TEMPS QUI PASSE

Parce que chaque jour nouveau nous arrive
en tout point pareil à celui de la veille
avec à l’intérieur toutes ces heures
interminablement silencieuses,
à en clouer le bec aux oiseaux
on se sent presque obligé de le meubler
en parlant de la pluie
et du beau temps après la pluie;
enfin de tout et de rien; de rien surtout
car plus rien ici bas ne change,
à part le temps – et encore pas tout le temps !
Le fait est là: on ne vit pas vraiment
dans un conte de fées
Certains vous diront même qu’ au début
on a manqué de masques
de respirateurs, de bouteilles d’oxygène
– certes certes, mais plus encore d’imagination !
D’autres qu’ils souffrent de troubles du sommeil
Or il faut se rendre compte
que le plus souvent ce sont seulement
des troubles de la capacité de rêver
C’est pourtant bel et bien avec des si
que l’on se fabrique des rêves;
que de nos peines et de nos joies en sursis,
l’on s’octroie les plus belles trêves
Alors tout sauf rester là figés
dans l’éternel présent de nos vies
réglées comme du papier à musique
par la technique,
reclus volontaires,les poings liés
aux données de notre ordinateur
qu’analyse l’algorithme.
Pendant que l’infiniment petit fait sa loi dehors, nous devenons ces inconnus du temps qui passe…

SOlène

Extrait de « Au beau milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi, un invincible été », mon deuxième recueil de poésie dont la parution est prévue fin mars

(Tous droits réservés)

 

WHAT ELSE ? 

Hommage à Christiane Eda-Pierre… 

 

 

Live 1981 de Luciano Pavarotti/Christiane Eda-Pierre…. 

Christiane Eda Pierre a connu un triomphe en 1976 dans Rigoletto avec Pavarotti à Central Park ( New York) devant 250 000 personnes…

Bien qu’elle disait « je ne suis pas une diva », « je n’aime pas ce mot diva », Christiane Eda Pierre a été une des plus grandes cantatrices françaises Elle a côtoyé les plus grands chefs d’orchestre ( Lorin MAAZEL, Georges PRÊTRE, Pierre BOULEZ, Emmanuel KRIVINE) et les plus grandes voix ( José VANDAM, Luciano PAVAROTTI, Placindo DOMINGO ), et elle a chanté sur les plus grandes scènes internationales.

– Pavarotti ?


-« L’homme n’était pas si gentil que ça… Quand il arrivait, il ne nous donnait pas la main, ni ne nous embrassait, il se contentait de lever sa main et de dire : « Hi ! » et quand il partait, il levait sa main et lâchait : « Ciao ! » Placido Domingo, c’était l’antithèse de Pavarotti. Il arrivait, me prenait la main et me disait fort gentiment : « Eda, comment vas-tu »… « 

Je la fais courte pour aujourd’hui, mais il y a tant à dire, à raconter sur cette femme magnifique et sur sa vie passionnante que j’y reviendrai sans doute plus en détails après lecture de la biographie de Catherine Marceline, « Christiane Eda Pierre, une vie d’excellence » ( parue en en 2019)

 

Née le 24/03/1932 d’une mère professeur d’éducation musicale et d’un père dessinateur, géomètre et journaliste au Courrier des Antilles, Christiane a grandi par la suite sur les planches de l’opéra-comique (1960 à 1972). Elle a épousé le maître d’arme du conservatoire de musique et de danse de Paris, Pierre LACAZE ( qui a formé 40 ans durant les plus grands épéistes français à l’INSEP)
Une des premières cantatrices noires ( aux côtés de Barbara Hendricks et Nessie Norman… ) Christiane Eda-Pierre n’a jamais eu aucun complexe de couleur. Elle savait d’où elle venait. Son grand-père Nardal, « premier ingénieur noir » a construit le Pont de l’Alma ( à Paris). Sa tante ( Nardal), elle, a œuvré pour que des poètes comme Aimé Césaire et Léopold Senghor puissent être.


Après 40 ans de scène Eda n’avait aucun regret, si ce n’est de ne pas avoir été AÏDA à la scène.

Christiane Eda-Pierre s’est éteinte dans sa maison de Faye-L’Abesse ( bocage bressuirais) dans les Deux-Sèvres le 6 septembre dernier. Elle avait 88 ans. Elle repose maintenant aux côtés de son mari et son fils au cimetière de Faye-L’Abesse 

 

Merci de votre fidélité à ce blog. A bientôt !

 

21 réflexions sur “CES INCONNUS DU TEMPS QUI PASSE… SUIVI PAR « ADDIO, ADDIO »

  1. Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois… et les souvenirs des bonheurs volés par les inconnus du temps qui passe, qui en tapissent les murs !
    Il y a encore, sous la croute de neige, l’idée des pas pressés et rieurs des amants qui reviennent d’une balade où ils ont observés chevreuils, oiseaux et un écureuil pour se mélanger dans un maelstrom de mousse et d’amour. Le feu crépitera et la vie nous survivra encore longtemps…

    Belle journée Solène.
    Je t’embrasse en février. 😘

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      1. Bonjour Solène,
        Au début de la semaine sans, il faut attendre le mardi pour que je sente vraiment du mieux. Mais je me traine moins aujourd’hui.

        Tesson fait dans son livre des zooms sur des points de sa journée, qu’il agrémente de ses réflexions. C’est toujours d’une justesse et parfois d’une belle poésie. Oui, cela me plait beaucoup et je suis content de savoir que je vais pouvoir m’y replonger….

        Ce début février est en même temps une plongée profonde dans l’hiver, mais le début du renouveau, puisque la maison reçoit de nouveau le soleil dont elle a été privée depuis quatre mois.

        C’est un nouveau mois de non restaurant, non concert, non moto (ça c’est parce que je ne dois pas être un vrai motard !!).

        C’est le mois de l’anniversaire de mes deux Loulous. Pourront-ils venir ? Pourrons-nous aller les voir ?

        On va dire que février est sur la route du printemps, que la ligne droite jusque-là n’est pas emballante, mais qu’elle saura nous emmener vers les beaux jours.

        Je te souhaite une bonne soirée ma Solène. Porte-toi bien !
        Une bise posée sur le rebord de la fenêtre vient de cligner de l’œil avant de s’envoler pour te rejoindre. 😘

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      2. Waw, tu es inspiré !
        Oui, Besson a un univers qui me plaît bien, une écriture juste, en effet, avec souvent de très très beaux passages non dénués de poésie.

        Quant à février, bah il est court ce mois qui nous emmène tout doucement mais sûrement sur le chemin du printemps. Quoi que, ça fait encore un bout…

        Prends soin de toi, Régis 😘❤

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  2. Merci pour ton texte « Ces inconnus du temps qui passe » qui nous décrit si bien, pauvres humains englués dans le temps.
    Et merci pour l’hommage à Christiane Eda-Pierre, une très grande cantatrice. Je garde particulièrement deux souvenirs d’elle.
    Premièrement, elle était l’Ange musicien de la création du « Saint-François d’Assise de Messiaen » à Garnier en 1983, et c’était la première (mais pas la dernière) fois que je mettais les pieds et les oreilles dans ce temple du lyrique.
    Deuxièmement, il me souvient d’un concert à Pleyel où elle interprétait le « Poème de l’amour et de la mer » de Chausson, œuvre qui se terminait par un pianissimo sublime, et j’avais été impressionné par sa manière de chanter ce pianissimo, à la limite de l’audible, et que pourtant les spectateurs les plus éloignés de la salle percevaient parfaitement. Magie de la musique, magie de la voix humaine.
    Je te souhaite une excellente journée, SOlène.

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    1. Bonjour Jean-Louis
      Je vois que tu « connaissais » Christian. Je n’en n’étais pas certaine car nous n’avons jamais parlé d’elle. Et puis, à cause de son arthrose ( mal de dos et aux genoux) , elle avait quitté la scène depuis longtemps. Après quoi elle a donné des cours de chant lyrique avant de prendre sa retraite. Elle vivait dans sa maison des Deux-Sèvres, à Faye-Labesse, plus précisément, et où elle a été enterrée par un jour triste de septembre dernier. 😢
      Non seulement c’était une voix sublime ( elle aussi) mais quelle belle personne !

      Bonne fin de journée à toi, J-L. 😘

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  3. Tout à fait d’accord avec Sylvain Tesson quand il dit tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois rien ne sera tout à fait perdu .
    Un tres beau texte Solène sur ces naufragés du temps qui passe que nous sommes devenus .
    Un bel hommage que tu rends à cette cantatrice .
    Bon lundi Solène
    Bises

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    1. Merci beaucoup Jazzy. Eh oui, nous vivons une drôle de période qui malheureusement due et risque fort de perdurer. Naufragés ( du temps qui passe), c’est le mot…. Une réflexion que je me suis faite ces jours-ci.
      Belle et douce soirée à toi. A très très bientôt. Je vais passer ( un peu de retard à rattraper)
      Bisous.

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  4. Bonjour Solène

    Que j’aime ce passage qui résume tout…ta finale: « Pendant que l’infiniment petit fait sa loi dehors, nous devenons ces inconnus du temps qui passe… »

    Mais tant que l’artiste saura s’inspirer du bon comme du moins bon, il y a de l’espoir.Les séquelles de demain seront, espérons-le, l’inspiration d’après-demain…

    Mes salutations

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    1. Oui, je pense comme toi, Kleaude. Je n’ai pas tenu du journal du confinement, il faut du recul je pense pour l’inspiration (sinon, c’est ennuyeux comme ce n’est pas possible. La preuve en est, ce texte. On se sent englué jusqu’au coup)
      Merci à toi pour ta lecture et tes mots.
      Belle soirée, a très bientôt
      Amicalement.
      SO

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  5. Heureusement qu’il y a les mots SOlène, encore et toujours pour faire avec ce temps qui passe et ne pas le laisser partir sans rien.
    Merci pour la découverte de cette voix aussi, de son histoire, de son être.
    Je t’embrasse bien fort.

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